ceci n’est pas un ready made
ceci est une lettre
reçue
et qui ne m’était pas adressée…
je ne suis pas philosophe
Lettre à un ami philosophe
11 janvier 2013
Tu m’as dit, il y a quelques semaines, dans l’un de tes mails, que le latin constituait pour moi « un sol ». Je comprends bien cette idée, aujourd’hui.
Par rapport à l’incertitude du « monde de l’informatique », la langue, la culture, la littérature latine me semblent particulièrement stables, fiables. Je m’explique.
Je travaille avec des outils informatiques depuis près de douze ans, maintenant. J’ai engrangé une quantité importante de mémoire, sous forme de fichiers numériques.
Le problème de la fiabilité des systèmes de conservation de la mémoire numérique (ces deux termes ne sont-ils pas antithétiques ?) ne me semble jamais pris vraiment au sérieux par les fabricants de machines informatiques. J’ai plutôt l’impression d’une attitude frivole, de leur part, nous laissant, nous, les usagers, en proie à l’arbitraire. Mais ce problème du « contenu » n’est rien par rapport à celui de la stabilité des outils qui ont permis de concevoir ou réaliser ces données numériques.
Nos logiciels deviennent « obsolètes » au fil du temps. Il faut constamment les actualiser, par des mises à niveau payantes.
Nous ne sommes pas vraiment libres, dans tout cela. Qui aurait le courage de renoncer à l’informatique, après plus de dix ans de travail et de création ? Entre la prise de conscience d’une fuite en avant et le souhait de participer au commerce du monde (j’emploie ce mot dans son sens général et non mercantile), quelle est la bonne attitude à tenir ?
Je fais le pari de commercer et de continuer à utiliser des outils informatiques.
[…]
Bernard Louis Lallement
11 janvier 2013